Chassés !
Parmi les cadeaux que nos amis reçurent, il y avait une plate-forme que le pachyderme pouvait mettre et défaire sans l’aide de personne, juste en se mettant à genoux et en avançant sous l’engin. Avec sa trompe agile, une fois redressé, il bouclait la sangle munie d’un fermoir spécial sur son ventre. Ce dispositif pourvu d’un parasol abritait pour l’heure Polon. Au début, peu rassuré, il avait ressenti le mal de mer mais quelques heures passées au rythme tranquille de son infatigable ami lui avait donné de l’assurance. Babou ne sentait pas le poids de son compagnon, il répondait d’un air absent à son camarade. Polon finit par s’en apercevoir et lui demanda pourquoi.
- Je pense à ma famille, lui répondit-il.
- Tu es heureux de les revoir ?
- C’est cela qui m’inquiète. Est-ce que je vais les revoir, arrivé à destination ?
- Allons ! mon ami, pas de noires pensées ! Nous avons échappé à bien des dangers jusqu’à présent et nous voilà bien partis pour arriver sans trop de nouvelles aventures, j’espère…
En effet, il ne se passa rien pendant les huit jours que dura la traversée du désert. Ils traversèrent ensuite des hauts plateaux à la végétation plus abondante mais avec peu d’animaux et encore moins d’humains. Puis, ils descendirent une route qui menait à une forêt qui semblait une vraie jungle. Il y avait une rivière digne de ce nom, pas un de ces oueds glauques qu’ils avaient maintenant l’habitude de rencontrer. Les deux voyageurs se baignèrent avec délice dans l’eau claire et fraîche.
Ils étaient maintenant au cœur de la jungle, se frayant difficilement un chemin et écoutant attentivement tous les bruits inquiétants qui fusaient de toutes parts. Tout à coup un feulement très proche affola Babou qui se mit à courir éperdument droit devant lui. Le pauvre Polon avait un mal fou à se maintenir sur la plate- forme et derrière eux le feulement se rapprochait dangereusement. Ils déboulèrent dans une clairière et là…
Consternation ! Deux autres énormes félins les attendaient. Ils étaient prisonniers à nouveau. Polon contemplait le trio de prédateurs à travers les barreaux de la plate-forme avec terreur.
Cette fois ci, leur périple semblait bien s’achever là. Mais l’éléphant n’allait pas se laisser faire et les dents de Polon étaient redoutables aussi. Habilement, Babou se défit de son harnachement et tous deux s’apprêtèrent à combattre pour leurs existences.