L’éléphant qui parlait le «cochon» suite

De l’autre côté, il faisait sombre car il n’y avait pas de lune et la forêt n’était pas loin. Babou s’y précipita attiré par l’odeur des troncs d’arbres. Fou de joie, il se frotta contre l’un d’eux en grognant de plaisir. Quelle ne fut pas sa surprise en entendant des grognements un peu étranges répondre à ses propres grognements ? Il vit soudain surgir un petit animal bizarre, tout rose affublé d’une drôle de queue en tire-bouchon. 

Groink, groink faisait la bête.

 Groink ! Lui répondit Babou.

 Manifestement, le cochon (car, tu l’as deviné, c’était un cochon qu’avait rencontré notre ami) voulait que l’éléphanteau le suive. Il partirent donc à travers la forêt. Malgré son air lourdaud, le cochon marchait d’une bonne patte et l’obscurité n’aidait pas notre ami à suivre la cadence de son prédécesseur. Enfin, ils arrivèrent dans une clairière où se tenait un congrès de créatures semblables au guide du petit éléphant.

 Elles étaient assises sur leur train de derrière, formant un demi-cercle, face à un énorme cochon à l’air sévère. Leur attention fut attirée par les nouveaux arrivants et un concert de grognements  divers les accueillit. Le chef fit taire l’assemblée d’un majestueux et retentissant grognement. Le guide de Babou, qui s’appelait Polon, fit au chef le récit de la découverte de l’éléphanteau. Tous dévisageaient Babou d’un air farouche et suspicieux. Quand la narration fut finie, un grand silence s’ensuivit. Le chef paraissait réfléchir sur ce qu’ils allaient bien faire d’une pareille trouvaille. Soudain, son groin s’illumina et il dit (je traduis bien sûr) :

 - puisque tu l’as trouvé, Polon, il est à toi ! 

C’était une manière bien commode de se débarrasser d’un si encombrant problème. 

Polon ramena donc Babou chez lui, dans sa soue où il vivait en solitaire. A partir de ce moment, le jeune pachyderme vécu en compagnie de Polon, apprenant toutes les subtilités du langage groink. Il était bien utile à Polon pour décrocher des fruits et des glands dans les arbres ou pour fouir de sa trompe la terre meuble à la recherche de pommes de terre ou de racines comestibles. Ils devinrent inséparables. 

Ainsi passait la vie, faite de rires et de chansons mais aussi de l’apprentissage pour Babou des choses essentielles de la vie. Il grandissait en taille et en sagesse.

Mais Babou s’ennuyait toujours de ses parents et Polon, le cœur lourd, le voyait souvent soupirer le soir quand ils n’avaient plus les activités de la journée pour les distraire. Polon était un cochon savant bien que sauvage. Il avait beaucoup appris car il savait écouter et tirer des leçons de la vie quotidienne. A vrai dire, il était d’un naturel peu aventureux mais il ne dédaignait pas voyager et il prit ainsi la décision de raccompagner son ami chez ses parents en Afrique.

 Prendre une décision, c’est bien, la mettre en pratique est plus malaisé !

Quelques jours plus tard, les préparatifs du voyage étaient finis, Polon confiait les clés de sa soue à un voisin et ils partaient, par un matin de printemps brumeux, d’un pas soutenu vers le port le plus proche…

A SUIVRE dans « L’éléphant et les pirates »