Babou, roi des éléphants

Barkar, le père de Babou, pensait à se retirer et il soumit la candidature de son fils à la tribu. Tout le monde fut d’accord car le jeune éléphant était fort et avait acquis une expérience et une sagesse rare. Il parlait plusieurs langues et apprenait vite les rudiments de l’exercice du pouvoir. De plus, il avait sa propre idée sur la manière de lutter contre les chasseurs d’ivoire qui étaient leurs premiers ennemis. Il pensait se mettre au service des gardes de la réserve gouvernementale  où le clan habitait et grâce à ses connaissances des langues, monter un réseau d’informateurs de toutes les sortes d’animaux sur tout le territoire. Ainsi les gardes seraient renseignés sur l’intrusion des contrebandiers et pourraient les arrêter.

La fiancée de Babou

Le nouveau roi se promenait souvent en compagnie de Beicha, la jeune éléphante dont il était amoureux et qui le lui rendait bien. Le mariage serait pour bientôt et ils faisaient tous deux des projets d’avenir et se disputaient gentiment sur les noms qu’ils donneraient à leurs enfants. Polon les accompagnait dans leurs excursions et un jour, alors qu’ils avançaient tous trois dans un étroit défilé, un énorme rocher dévala la pente entraînant avec lui  plein de gravas. Les deux éléphants eurent le temps de se garer mais le cochon se trouva enseveli sous les décombres. Quand le vacarme fut dissipé, un rire sardonique retentit en haut du défilé :

- Ah ah , je vous avais bien dit que je vous retrouverai ! Le voleur qui avait juré leur perte se tenait là avec deux chasseurs d’ivoire. Babou, sans leur prêter attention se rua vers l’amas de pierres où était enseveli son ami. Beicha l’aida à dégager l’infortuné cochon qui geignait doucement.

- Nous allons te transporter au clan, le rassura Babou.

- Inutile, mon ami, je sens que c’est la fin. Eh ! bien, il était écrit que je devais mourir ici. Non, ne pleure pas, j’ai bien vécu et je ne regrette rien, pensez à moi de temps en temps dit-il dans un dernier souffle.

Ainsi finit Polon, le plus brave cochon de la Terre.

Mais les brigands n’en avaient pas fini. L’un d’eux épaulait déjà un fusil et visait les éléphants. Son coup n’était pas ajusté et il les manqua mais la déflagration provoqua un éboulement de la paroi rocheuse sur laquelle les trois bandits se tenaient. Ils furent bel et bien écrasés sous les pierres et plus personne ne passa par là par la suite, tant le souvenir de cet épisode était pénible à chacun.

Les deux éléphants ramenèrent la dépouille de Polon au clan où il fut enterré avec tous les égards dans le cimetière secret des éléphants, ce qui était un grand honneur.

Le deuil de leur ami passé, le mariage eut lieu et un peu plus tard naissait un éléphanteau qu’ils appelèrent…. Polon évidemment.

Mais ce que personne ne savait et qu’on apprit plus tard, c’est que le cochon avait eu une liaison avec une cochonne des environs qui vint présenter sa progéniture au couple royal.

Autant vous dire que les petits furent traités royalement.

Les petits de Polon

 

C'est la Fin

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