Les walibis amis

David et Denis étaient les meilleurs amis du monde depuis leur arrivée au zoo de Vincennes.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, David et Denis ne connaissaient pas plus l'Australie que les lapins qui gambadaient dans leur bout de prairie, c'étaient des Walibis parisiens avec un accent à la Gavroche et une peau qui craignait les coups de soleil.

Nos amis faisaient les quatre cents coups; la nuit, ils leur arrivaient de sauter par dessus leur barrière pour aller se promener dans le reste du zoo. et faire des grimaces aux autres animaux. Ce qui les amusait le plus étaient de voir sauter les singes qui n'atteignaient jamais le haut du mur et retombaient les uns sur les autres au moment de la descente.

Parfois ils trouvaient des bouteilles de soda vides et des biscuits et se faisaient un pique-nique au clair de lune en rêvassant à l'Australie qu'ils ne connaissaient pas. Ils imaginaient les grandes terres vides peuplées de leurs congénères avec qui ils pourraient faire de grandes fêtes et les koalas qui mâchouilleraient sans arrêt leurs petites feuilles d'Eucalyptus tandis qu'ils sauteraient dans la prairie au rythme des tamtams des autochtones. Et jamais plus ils n'auraient froid car en Australie, il fait beau tous les jours, surtout dans le nord (le monde est à l'envers là-bas).

L'Australie n'est pas ainsi mais celle de David et Denis était comme cela et ils leur plaisaient de croire qu'un monde magnifique les attendait quelque part.

Tandis que nos amis rêvaient et grandissaient dans l'enceinte du zoo, ils devinrent de très beau Walibi. Or un jour, arriva un nouvel occupant dans leur territoire. Une magnifique jeune Walibi avec les poils soyeux et doux comme du coton et des yeux noirs qui les envoûtèrent aussi bien l'un que l'autre. Elle s'appelait Emeline, et elle venait directement de Nouvelle-Zélande. Pour l'instant Emeline ne parlait que sa langue natale qui était le Kangourou-anglais mais elle était venue parfaire son kangourou-francais afin d'obtenir sa maîtrise de kangourou-linguistique appliqué. Autant dire qu'Emeline était belle et intelligente et donc fort attirante.

Nos deux amis commencèrent alors à se demander qui aller pouvoir lui demander de sortir un soir, et comme ni l'un ni l'autre ne voulaient laisser la belle jeune fille, il arriva ce qui arrive bien souvent chez les Walibis : un duel.

Il fallait les voir nos deux amis, l'un en face de l'autre. David commençe par un crochet de la droite, petit bond de Denis qui esquive et donne un coup de queue qui met David à terre. Mais David se relève et saute les deux pattes en avant atteignant Denis au dessus de la ceinture. Denis recule et donne de nouveau des coups de poings virulents.

Coup de boule de la part de Denis et David qui réplique par un magnifique lancée de jambes. Paf Pif, ça fait mal dans tous les coins et les coups se succèdent avec une vitesse impressionnante, ne donnant raison ni à l'un, ni à l'autre qui étaient exactement de la même force.

Et ainsi de suite pendant 10 bonnes minutes durant lesquels les badauds du zoo, humains et animaux s'étaient rapprochés pour assister au spectacle involontaire que donnait les deux walibis.

Au fil de la bagarre, les égratignures se succédèrent, des bleus apparurent et bientôt l'un et l'autre avaient des bosses de partout et leurs poils partaient dans tous les sens.

Jugeant que la bagarre avait assez duré, Emeline les sépara avec un coup de pied sur le nez pour l'un et un coup de queue derrière la tête pour l'autre. Ceci fait et tourna les talons d'un air hautain et pris le bras de Danny un kangourou plus vieux que David et Denis et s'en alla se promener en les ignorant superbement.

Nos amis la regardèrent partir, désappointés, et finalement se jetèrent dans les bras l'un de l'autre. Rien ne vaut une belle amitié et puis un walibi en sang n'étant pas très présentable pour séduire une fille, ils décidèrent de ne plus jamais se battre en duel ou alors seulement aux cartes pour conserver toutes leurs chances devant la gente fénimine.

Fin

(c) Copyright La Nounourse 2001