Les lunettes du petit loir

Loïc a 5 ans, en âge de Loir bien entendu. Jusqu’ici Loïc était un petit Loir tout a fait. Et puis un jour, il a découvert que sa maîtresse voulait lui faire porter des lunettes. C’était une conspiration, son papa et même sa maman, d’habitude si gentille, voulaient lui faire porter ces bouts de verres.

Ca a commencé un beau jour alors que Loïc tombait dans la cour à côté du terrier de la maîtresse d’école. Madame Doubi, la maîtresse, remarquait depuis un certain temps les bosses de Loïc qui allaient et venaient au gré des chutes. Loïc lui trouvait cela normal, de toute façon, il n’y avait que des cailloux de partout et c’était vraiment difficile de les éviter surtout quand on joue avec les copains. Et puis la récréation, c’est ce qu’il préfère à l’école, Loïc. Dans la classe, Loïc se met toujours au fond parce que madame Doubi interroge souvent ceux de devant.

Mais un jour, tandis que toute la classe étudie « Toudi le petit escargot », un livre très très connu de Victor Gougo, Loïc entend la maîtresse lui parler :

« Loïc, quelle est la réponse à la question ? »

Loïc est bien embêté parce qu’il n’écoutait pas bien et ne sait pas de quelle question il s’agit. D’une tout petite voix, il demande alors : « Je n’ai pas entendu la question Madame Doubi, pourriez-vous la répéter ».

« La question est inscrite au tableau Loïc, il faut écouter » lui répondit-elle.

Loïc regarde alors le tableau, mais tout est flou, les lettres se ressemblent et se confondent, le O et le Q, le R avec le P, c’est la catastrophe. En plissant, les yeux, Loïc arrive à voir la question beaucoup plus nettement, et finalement au bout de 2 minutes parvient à lire « Comment s’appelle la substance laissée à terre par Toudi ?».

Soulagé, Loïc répond « La bave,  Madame ». Madame Doubi le regarde et dit : « C’est bien, mais il faudra mieux écouter la prochaine fois ».

Lorsque le clairon du blaireau de l’école retentit pour annoncer la fin de la classe, Loïc est si content, qu’il court d’un trait jusqu’à sa maison. Mais devant le terrier, maman Loir l’attend, un sac  a la main et zou, elle l’emmène chez la taupe ophtalmologue: Madame Doubi avait appelé madame Loir pour tout lui dire.

Loïc ne veut pas y aller, pas question d’avoir des lunettes, c’est laid, c’est moche et puis un point c’est tout, il voit très bien. Mais maman Loir ne l’entend pas de cette oreille là, et le tient fermement, le traînant derrière elle jusque chez la taupe.

Puisque c’est ainsi, Loïc décide de ne plus parler et de bouder. Il reste assis sur son fauteuil pendant que Madame la Taupe l’appelle. « Non, se dit-il, je n’irais pas, comme ça je n’aurais pas de lunettes ». Voyant cela, Madame la Taupe lui propose de voir un film en attendant de se décider.

Rien n’aurait plus pu faire plaisir à Loïc qui adore le cinéma, surtout les films de Sckwarzie et Stolline, les écureuils les plus forts de la terre. Bon, là, doit-il avouer, c’est pas vraiment ça, c’est une comédie musicale avec des écureuils à claquettes, les loirs sur la pointe des pieds et des furets en rockers, le tout sous-titré car ils chantent tous en langue d’écureuils que les loirs ne comprennent qu’avec beaucoup de difficultés.

Loïc s’approche alors un peu plus de l’écran pour voir les paroles ; « C’est vraiment écrit petit » se dit Loïc en se rapprochant une nouvelle fois de l’écran.

Pendant ce temps, Madame Loir et Madame La taupe l’observent attentivement, la taupe gribouillant sur un morceau de papier. Finalement, après avoir regardé une dernière fois Loïc, Madame la taupe disparaît au fond du conduit gauche, revient avec des lunettes toutes neuves d’un joli noir et les donne à la maman de Loïc.

En arrivant le soir à la maison, Loïc est satisfait de lui, il a boudé et ça a marché personne ne l’a embêté. Ce n’est que quelques minutes plus tard que Loïc voit apparaître sa maman avec les lunettes à la main. Et comme papa Loir est rentré, Loïc est obligé de les mettre.

Il va se voir dans le miroir et regarde ces lunettes qu’il trouve vraiment trop moche. On ne voit plus bien ses jolis yeux noirs et puis il a l’air d’une taupe, un comble pour un loir.

Le lendemain, Loïc part à l’école avec son cartable dans le dos et ses lunettes sur son nez, mais à peine hors de vue de ses parents, il les enlève et les mets dans sa poche.

Le soir venu, Loïc ne les remet qu’à quelques mètres de la maison comme si de rien n’était. Il est assez fier de sa supercherie, notre ami. Cependant, Loïc s’aperçoit bien que ce n’est pas facile quand on ne voit pas bien, il se prend des branches quand il court, trébuche sur des cailloux et parfois confond ses livres de classe ce qui n’est pas toujours au goût de madame Doubi.

Justement, la maîtresse a bien remarqué le petit manège de Loïc et propose à maman Loir une solution pour que Loïc mette finalement ses lunettes.

L’hiver approchant, une grande fête se prépare avec une super kermesse où l’on peut gagner un bois colorié à l’effigie de Stolline. Pour gagner, dit l’affiche de la kermesse, il suffit d’avoir les plus belles lunettes. Loïc est content, puisque maintenant il a des lunettes, et puis pour un jour tant pis, ça vaut bien une effigie de Stolline. La grande fête arrive enfin et sa kermesse avec. Le présentateur, Valérie la Marmotte, est debout sur un bout de bois énorme avec juste à côté d’elle l’effigie de Stolline.

« Petits loirs , voici venu le temps du concours, pour gagner ce magnifique cadeau représentant Stolline – la star de ‘Le piège à noisette’ » s’écria Valérie.

« Youpi, youpi ! » lui répondirent les loirs dont fait parti Loïc.

« Et maintenant, que nos amis qui portent des lunettes montent sur le tronc d’arbre avec moi pour que Madame Doubi et moi-même désignons le vainqueur ».

A ce moment là se produisit quelque chose de très étrange, pleins de petits loirs comme Loïc, cherchèrent au fond de leur poche et mirent des lunettes sur leur nez. Ce furent plus de 20 loirs qui montèrent sur le tronc et Loïc fut tout surpris de voir la joli Sophie sa voisine avec des lunettes elle aussi. Madame Doubi sourit en voyant tous ces élèves avec leurs lunettes. Comme elle ne pouvait pas faire un choix, elle décida que tout le monde avait gagné et que chacun aurait le droit d’avoir une effigie.

Ainsi se termina l’histoire de Loïc et de ses lunettes qu’il ne quitta plus. Il faut dire qu’il voyait tout maintenant et Sophie lui avait dit que ça lui allait bien, alors il trouva lui aussi que finalement elles étaient plutôt pas mal ces lunettes noires.

Fin

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